• Les recherches de Sonia-Armande (numéro 2)

    Quand R. est là, sa présence l’énerve. En surface. Pourtant quelque chose en elle, plus enfoui, s’apaise également. Ce sentiment contradictoire et qu’elle ne peut expliquer la met mal à l’aise.

     

    2h du matin, Sonia peine à s’endormir, il ne lui reste plus que cinq heures de sommeil maintenant avant de se lever. La sonnerie des sms de son portable retentit. Sonia lit « Dors maintenant…Que Morphée descende un peu ses…caresses ».

    Morphée descend sa main à l’intérieur des cuisses de Sonia rageusement serrées. Il saisit l’arrière d’un de ses genoux et lui replie la jambe vers l’extérieur. Le mouvement suit, Sonia écarte une cuisse. Morphée s’empare d’un lien de coton tressé. Il noue sa jambe repliée, le tibia sous la cuisse. Il s’applique à un jeu de nœuds savants, esthétiques. Il prend son temps. Sa respiration est lente, ses gestes précis. La respiration de Sonia s’accélère lorsqu’il lui attache le poignet sur la cuisse. Le côté gauche du corps de Sonia est immobilisé par les liens. Morphée se lève et la regarde. Il se penche sur elle, écarte cliniquement ses lèvres. Il observe.

    Sur la commode recouverte d’un marbre brut, Morphée retire d’un bougeoir la bougie de cire et l’allume.

     

    Un dimanche entier ensemble. Sonia s’est faite piégée par son amie. Il fallait que R. et elle s’occupent du fils de la copine car celle-ci devait travailler. Le fils de Sonia et le petit garçon s’entendaient bien, pourquoi ne pas envisager une ballade, un déjeuner en plein air ? Sonia accepte. Après tout, ce sera le bon moment pour comprendre un peu mieux ce R. énervant. Echange de petits textos entre eux pour caler la journée. Sonia réserve un restaurant au bord d’un lac avec aire de jeux pour les enfants, R. fait le plein de la voiture, ils se retrouvent en fin de matinée.

    La voiture de collection de R. est splendide, les enfants s’exclament. Les sièges en cuir sont bas et confortables, les gadgets optionnels s’accumulent sur le tableau de bord et les sièges arrière. Les enfants sont surexcités, ils touchent à tout. R. rit. Il conduit vite, il conduit bien. Sonia regarde le paysage sans parler, Sonia se laisse guider. Une sensation qu’elle a rarement. Au lac, R. apprend aux enfants à faire des ricochets. Ou plutôt, il montre qu’il sait bien faire les ricochets, sans leur apprendre. La petite pierre plate rebondit plusieurs fois sur l’eau. Les enfants n’y parviennent pas. Sonia le trouve stupide.

    Dans la forêt, il n’apprécie pas les odeurs des pins, ne relève pas le charme des rochers que les fleurs printanières jaunes et bleues ponctuent, il reproche qu’on ne puisse faire le tour entier du lac. Le don d’émerveillement n’est pas donné à tout le monde. Il sort son téléphone de la poche de son jean et s’arrête pour montrer à Sonia les photographies de la maison qu’il restaure à la montagne. Ce n’est ni le moment, ni l’endroit. Elle est polie, elle regarde. Lui ferait-il par hasard état de ses compétences, de ses goûts et de ses richesses ? La restauration est bien faite, simple et recherchée dans les moindres détails. Sonia comprend qu’il s’agit d’un corps de bâtiments. La vanité de R. est touchante, il cherche à la séduire par ses acquis et ses exploits, du ricochet aux maisons, en passant par les voitures nombreuses qu’il lui dévoile également en photographie. « Car, pour les vaniteux, les autres hommes sont des admirateurs. » Sonia se rappelle de la seconde planète visitée par le Petit prince de Saint-Exupéry. Le vaniteux est tout seul.

    (la suite bientôt)

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